A Thousand Girls Like Me
Véronique Pigeon avocate
15/01/2018
Pendant 3 ans la réalisatrice Sahra Mani a suivi et filmé Khatera, une jeune afghane violée par son père depuis son enfance et qui mettra au monde plusieurs enfants dont deux resteront en vie et qu’elle gardera auprès d’elle.
Le film retrace moins le combat judiciaire de la jeune femme, dont témoignent seulement quelques scènes avec son avocate ou des images rapides du tribunal, que son chemin vers une vérité que la société afghane tout entière refuse de reconnaître dans sa dimension humaine, parce que celle-ci n’y a aucune place, les lois coraniques et la tradition occupant tant l’espace public que l’espace privé
Khatera refuse la fatalité qui serait que sa fille, celle de son père, soit à son tour victime des viols qu’elle a connus depuis son enfance.
Le film était présenté à l’initiative d’Amnesty International la semaine dernière à Saint Egrève. Lors des échanges avec les spectateurs, après la projection, a été posée la question : est-ce qu’une telle situation pourrait se produire en France ?
Saïda Kasmi, distributrice du film, a expliqué que le droit afghan était un droit coranique et qu’il n’était pas possible de lui comparer notre système juridique.
Mais la réalité est là : si les chiffres sont difficiles à établir car l’essence même de la délinquance sexuelle sur mineurs est qu’elle n’est dévoilée que si la parole des victimes parvient à s’affranchir du silence, les crimes sexuels subis avant l’âge de 15 ans le sont dans le cadre familial. Et le combat mené par Khatera est le même que celui de nombreux enfants victimes qui osent porter le crime qu’ils ont vécu à la connaissance des autorités.
Un rapport d’information réalisé au nom de la Commission des lois du Sénat en février 2018 fait le point sur la question.